Parent en Allemagne
Mum life

être parent en Allemagne

Si nous sommes voisins, il est intéressant de noter de nombreuses différences entre nos deux pays. L’Allemagne se rapproche des pays du Nord et sa culture de la parentalité n’en est donc pas très éloignée, quand l’éducation française connait ses lettres de noblesse à l’étranger (et oui, les petits Français sont connus pour être bien éduqués).

Nous allons faire un petit tour d’horizon de la vie de parent en Allemagne.

La place de la mère et de la femme

En Allemagne, la femme qui devient mère… devient mère. Et rien n’est au-dessus de ce nouveau rôle que la société glorifie en tant que telle. La Femme allemande est une mère au foyer ravie qui prend soin de ses enfants en restant à la maison au minimum un an. Il est presque normal que l’Allemande renonce à sa carrière, sans que cela ne pose vraiment la question de l’égalité entre les sexes.

Alors bien sûr, il est possible de reprendre le travail deux mois après avoir donné naissance. Mais cela sera très mal vu. Vous passerez pour une mère corbeau ou Raben Mutter (oh comme ca sonne bien). D’ailleurs, le système ne fonctionne pas efficacement pour ces femmes (indignes) qui souhaiteraient reprendre le boulot plus vite. En effet, les crèches accueillent pour la grande majorité d’entre elles les enfants à partir d’un an.

En France, il est normal de reprendre le chemin du travail entre les trois mois et sept mois de l’enfant, chose presque inimaginable en Allemagne.

Le congé parental

Le congé maternité commence six semaines avant la date d’accouchement et se termine huit semaines plus tard. Pendant ces trois mois et demi, le salaire plein tombe. Ensuite débute le congé parental qui dure de un à deux ans payés. Il est évidemment possible d’allonger ce congé jusqu’à trois ans (par parent), mais ces derniers ne seront pas rémunérés.

Si le congé parental est d’un an, vous recevrez votre salaire à hauteur de 60 à 67 % de celui-ci (300 € min. à 1 800 € max.), et de moitié si vous le prenez sur deux ans.

Il existe une troisième solution : le congé parental mixte (Elterngeld Plus) qui vous permet de reprendre le travail à mi-temps et cela pour les deux parents en perdant moins de revenus.

Le congé paternité

Certains vont être jaloux, mais pays du Nord de l’Europe oblige, le congé parental est plus long que celui en France ou en Suisse (un jour). Il dure deux mois et peut être pris à n’importe quel moment. En fonction des revenus, ce dernier est egalement tronqué. La rémunération du congé représente 60 à 67 % du salaire. Le congé peut être également perdu si le père ne le prend pas.

Et d’ailleurs cela surprend quand on vient de France, de voir autant d’hommes pousser des poussettes dans les rues de Berlin ou passer quelques heures au parc à sable. Ils sont de plus en plus nombreux à gérer le quotidien avec un bébé. On en apercoit de tous les styles, de toutes les natures mais ils assurent avec un grand calme leur rôle de papa.

À titre d’exemple, une vieille dame dit à un petit garcon dans la rue qui pousse une poussette de poupée « mais tu n’es pas une fille. Tu ne joues pas à la maman ». Sur ces mots, le petit gars se retourne vers sa mère et répond timidement « je ne joue pas à la maman, je joue au papa ! ». Et bim dans ta face mémé. Cela montre néanmoins le pouvoir des super papas qui grandit chaque jour dans la société teutonne.

Le laisser-faire vs la politesse

Comme les parents allemands sont plus longtemps à la maison et que leur activité principale est de s’occuper des marmots, il est normal que les enfants soient plus libres, plus écoutés, plus respectés dans leur développement (trop peut-être ?). Il y a donc un espèce d’éducation plus libre, où c’est à l’enfant de se découvrir et moins au parent de le punir. Cette liberté d’expression et de mouvement se fait souvent au détriment des autres. N’allez pas disputer ou faire une remarque à un gamin au risque d’avoir à vous excuser auprès de lui, même si c’est lui qui vous donnait des coups de pied dans le tibia.

L’éducation est nettement plus bienveillante envers l’enfant. On lui demande s’il veut ou non qu’on lui change sa couche, s’il veut goûter cet aliment. Il y a une sorte d’apprentissage de la vie plutôt qu’une éducation plus traditionnelle où le bambin apprend à fonctionner en société plutôt que de se découvrir.

Les petits franchouillards sont reconnus en Allemagne comme étant « mieux éduqués ». Les parents ayant moins de temps pour eux, se concentrent sur d’autres aspects comme le respect des règles, la politesse et la tenue en société. C’est ce qu’explique Pamela Druckerman dans ses livres sur l’éducation à la française, ou pourquoi les enfants français savent se tenir, faire leurs nuits à trois mois, ne jettent pas de la nourriture au restaurant, et laissent leur mère téléphoner en paix.

Les Allemands pratiquent la méthode douce de l’allaitement et du co-dodo, quand les Français préfèrent les biberons et le lit à barreau dans la chambre de l’autre côté du couloir.

Le co-dodo

Allez parler de co-dodo en France. Les réactions seront abrasives, bien que le co-sleeping commence à s’incruster de plus en plus chez nous. D’ailleurs, cette méthode fait débat. Devrait-on ou pas ? Est-ce mieux pour le parent ?

En Allemagne, on ne se pose plus la question. Le co-dodo a prouvé son efficacité :

  • facilite l’allaitement
  • facilite le sommeil des parents
  • facilite le sommeil de l’enfant
  • facilite la relation mère-enfant
  • permet de vérifier l’état du bébé et répondre plus vite à ses besoins

Faire du co-dodo est très largement répendu en Allemagne comme en Europe du Nord, tant que certaines règles sont respectées. Il est important d’avoir un lit séparé, un matelas dur, pas de coussin ni de couverture.

L’allaitement

Voilà, vous venez de donner naissance et maintenant, si tout se passe bien, vous êtes dans votre chambre avec votre petit ange à vos côtés. Et là, une sage-femme débarque et vous explique en quoi consiste l’allaitement, comment s’y prendre et où se renseigner si ca ne marche pas.

Que vous ayez décidé de ne pas donner le sein n’est pas un problème. Malgré tout, on essaiera de vous convaincre jusqu’au bout de préférer l’allaitement au biberon. Très accompagné, donner le sein est un must en Allemagne et les seules femmes que j’ai rencontré qui nourrissaient leurs enfants avec du lait premier âge me semblaient gênées d’expliquer qu’elles n’avaient pas réussi dans cette entreprise. Elles avaient soit été séparées du bébé dès la naissance, soit un problème technique était survenu.

Bref, en Allemagne, on ne donnera que très rarement un biberon à un nouveau-né. Même épuisée, la mère tentera de donner sa poitrine à son boutchou.

La vaccination

La vaccination n’est pas obligatoire et très décriée en Allemagne. Chez le pédiatre, vous recevrez une liste de six vaccins recommandés, pour lesquels vous pouvez vous décider ou non.

Depuis 2019 néanmoins, parce que de moins en moins d’enfants se font vacciner, la piqûre de la rougeole (Masern) est nécessaire pour rentrer en crèche / chez une nounou ou lorsque vous travaillez avec des enfants.

Les crèches et nounou

En Allemagne, les crèches sont quasi-gratuites (entre 20 € et 200 € au mois). Il vous faudra demander un Kita Gutschein ou un bon pour la crèche qui est une démarche bureaucratique simple pour obtenir une place. Le seul bémol serait alors de trouver la crèche, notamment dans des grandes villes comme Berlin où le nombre de place est réduit. Un manque de crèches combiné à un manque d’éducateurs limite le nombre de place et de nombreux, nombreux parents ne peuvent pas reprendre le travail à cause de cela.

S’il est possible de prendre une assistante maternelle, elles sont beaucoup plus cher qu’en France, soit le niveau d’un Smic et seulement remboursées si vous pouvez prouver que votre enfant n’a pas pu entrer en crèche (Kita).

L’accouchement

L’accouchement se passe principalement à la clinique du coin ou mieux encore, en maison de naissance. Si la péridurale est presque automatiquement prescrite en France, sachez que notre voisin ne la pratique pas tant que cela. Au contraire, la plupart des femmes accouchent de manière naturelle. (Pour ma part, il a fallut que je lutte pour obtenir la PDA ou péridurale).

La grossesse comme l’accouchement

La grossesse est un processus naturel, qui bien que parfois difficile est bien vécu par les femmes de l’autre côté du Rhin. On fait du sport, on se remue les fesses, on mange raisonnablement. La grossesse est une phase à vivre pleinement et largement aidée par les méthodes naturelles comme le Yoga, la méditation, la respiration contrôlée qui sont bien plus prisées que les cours classiques de préparation à l’accouchement.

Ce n’est pas forcément une réussite, mais c’est quelque chose que l’on travaille, que l’on respecte et qui s’accompagne.

Le corps de la femme

Les femmes allemandes qui tombent enceintes ont une vision légèrement différente de leur grossesse et donc de leur corps. Il y a un côté naturel à voir son ventre s’arondir, tant qu’il n’y a que celui-ci. Il est plus courant de voir des femmes enceintes faire du sport et de manger sainement en quantité raisonnable. Moins pudiques étant donné que les piscines ne proposent pas de cabines individuelles (on se fout à poil collectivement), les Allemandes acceptent plus facilement leurs corps, d’ailleurs quel que soit l’âge.

Ce qu’on en retient

L’Allemagne est un pays qui se veut moderne sur certains aspects comme le respect de l’enfant et de la mère dans cette phase si importante qu’est le début de la relation. Le système soutient les jeunes parents qui recoivent sans conditions de revenus le Kindergeld (allocation) mensuel de 204 € par enfant jusqu’au 18 ans de celui-ci.

Le congé parental est ainsi modulé que malgré une perte de salaire, il est possible de prendre un break sans avoir peur de perdre son emploi. L’entreprise est dans l’obligation de reprendre le salarié en lui proposant un poste similaire au précédant sans perte d’argent.

Ce qui manque sont parfois des informations plus détaillées comme la Maison des Maternelles. Car en Allemagne, on se pose aussi moins de questions sentimentales ou émotionnelles. Les Allemands sont plus pragmatiques pour le pire et le meilleur.

 

Jeune maman d'un petit bonhomme, je vis en Allemagne depuis maintenant presque dix ans.

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