le sexe en couple
Mum life

Quand reprendre les rapports sexuels après l’accouchement ?

Nous allons être crues / brutales. Parce que la vie est crue surtout quand on devient Maman. La grossesse n’est finalement qu’une longue période de crudités bien lavées (sinon attention à la listériose). Mais au-delà des plaisanteries, elle est surtout crue pour ce corps qui change, se transforme, pour ses fluides, ce sang d’après l’accouchement dont personne ne veut parler jusqu’à récemment avec le hastag #MonPostPartum. Et cela sans compter le nombre de fois que vous ne comptez plus d’ailleurs qu’un.e médecin ou un.e sage-femme / homme vous a touché le minou, manipulé les seins, pressé les tétons pour faire sortir le lait sans que vous n’ayez eu le temps de consentir. Vous saviez qu’il le fallait, bien que cela semble vous ait éloigné de vous-même.

Vous savez que la sonde vaginale est nécessaire lors des premiers examens parce que vous allez voir votre petit haricot se dandiner comme un forcené dans votre ventre sur l’écran de l’échographie et que vous réalisez l’ampleur du miracle. Même si en même temps, vous réalisez aussi de plus en plus que votre corps ne vous appartient plus. Ce n’est plus le vôtre. Et cela s’amplifie au cours des mois qui suivent. On vous a palpé les fioritures, les seins, les veines, les jambes. On vous a tiré le sang, fait des analyses urinaires. On vous a parlé de votre poids, interdit certains aliments. On vous a parlé du corps post-grossesse (mais en omettant de sacrés détails).

Bref, depuis ce fabuleux moment de sexe intense sous des cerisiers en fleurs avec votre conjoint, il s’en est passé des choses. Il y a eu la grossesse et puis l’accouchement et le retour de couches. Depuis, vous n’avez peut-être plus envie. Et c’est normal.

Quand reprendre les rapports sexuels ?

Parfois, vos doigts touchent délicatement cette zone qui a subit le passage d’un être humain, péniblement. Il y a de nombreuses questions qui vous dévore et que vous n’oserez sans doute pas poser, par peur ou par honte. Est-ce que votre vagin est devenu aussi large qu’on le prétend ? Est-ce qu’il va rester ainsi ? Est-ce que vous aurez mal au prochain rapport ?

Quelque soit le souvenir qu’on en garde, un accouchement est intense. Il est intense de sentir pour la première fois son enfant posé contre sa poitrine, de se rendre compte de la responsabilité qu’on a prise. Rien que l’évènement en soi est unique. Si on oublie tout, le corps se souvient. Et lui a besoin de temps pour se remettre de tous ces bouleversements.

Votre mari / conjoint / partenaire, lui, ne semble pas comprendre ce refus. Les mois durent, s’écoulent sans qu’il ne puisse vous toucher. Il ne comprend pas votre peur d’avoir mal ou même vous demande de vous forcer un peu.

Il se demande quand vous allez reprendre les rapports. Mais vous refusez.

Mais pourquoi ce refus ?

Parfois, la douleur n’est que fantôme. C’est celle qui vous reste sans doute plus dans la mémoire que sur les parois de votre nénette, et qui vous laisse une sensation de peur presque impercéptible : Peur que ça fasse mal ! Peur que ce soit devenu trop large ! Peur du passage d’un corps étranger ! Et il faut prendre au sérieux cette souffrance, même si concrêtement les blessures ont guéri.

Il y aussi ces stades hormonaux qui s’activent à la polka et puis à la valse. Sans parler du baby blues, du milk blues ou du sentiment plus profond que ce corps de femme a mieux à faire que de s’adonner à la pratique sexuelle. Ce corps de femme est devenu un corps de mère. Ces seins ont pris une autre fonction que celle de la séduction et par-là même une autre symbolique.

Certaines ressentent même un dégoût pour le sexe.

D’accord, mais quand reprendre les rapports ?

Il y aura toujours quelqu’un dans votre entourage qui a repris les rapports sexuels très vite après l’accouchement. Et quelqu’un d’autre qui ne les aura pas repris du tout. Dans ce genre de discussion, nous pouvons pointer du doigt la pression sociétale qui définit un couple sain comme ayant des rapports sexuels réguliers. Le sexe est partout, il est consommable. Seulement, il est possible de ne plus avoir de désir et cela pendant longtemps, sans que cela ne doive poser un problème.

Après vous être occupée d’un nourrisson qui a faim à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, de l’avoir porté contre vous parce qu’il ne veut que vos bras, parce qu’il dort sur votre sein et que ce même sein n’a plus la même symbolique pour vous. Parce qu’il est difficile de revenir en arrière. Parce que vous êtes crevée, isolée et que personne ne vous a demandé comment vous alliez depuis l’accouchement… vous refusez les avances de votre homme.

Parce que vous ne vous reconnaissez plus dans le miroir. Parce que vous ne comprenez pas ce qui vous arrive. Laissez-vous le temps ! Mieux on se retrouve, plus sereine on sera.

Aucun égoïsme de votre part envers votre partenaire !

Non, ce n’est égoïste de refuser un rapport à son partenaire. En revanche l’inverse est un viol (obliger quelqu’un à avoir des rapports sexuels). Il va falloir que le papa s’adapte à la jeune maman. Et si elle a besoin de temps, alors il vaut mieux le lui laisser.

La vie sexuelle n’est qu’une part de la vie de couple. Il y a tellement de choses pour lesquelles un couple existe : une vie commune, un rôle commun, de la tendresse, de l’écoute, des projets, une entente, un partage. Réduire le couple au sexe, c’est un peu lui retirer son fondement premier : l’amour et la compréhension de l’autre.

Nous ne le répéterons pas assez mais une meilleure répartition des tâches pimentent le désir. Une mère épuisée qui se retrouve seule face à des montagnes de vêtements sales et à une cuisine en bataille aura moins de désir pour celui qui préfère travailler. La compréhension de ce que la femme traverse, une vraie écoute, permet aussi de se retrouver plus fermement. Mais attention Messieurs, ne faites pas la vaisselle ou le ménage en pensant être récompensé par du sexe ! Le sexe n’est pas une récompense. C’est un consentement.

La question du consentement, l’épine dans le doigt de la Belle au bois Dormant

Charmante sur le papier, la question du consentement ou de l’envie commune est plus difficile à appliquer dans la vie concrète. Le consentement en couple n’est pas toujours si clair que nous pouvons le penser. Le poids invisible du devoir conjugal peut forcer certaines femmes à « ouvrir les cuisses et à passer à la casserole », comme il est coutume de le dire. Mais cela n’enlève rien au fait qu’il s’agisse d’un viol conjugal.

Dans la pratique, de nombreux témoignages peuvent en révéler les fissures : des femmes qui le font pour apaiser leur mari / copain. Pas de violence physique (pas toujours), mais des violences psychologiques comme le révèle le témoignage de Nina.

Témoignage de Nina

Nina est assise à la terrasse d’un café. Elle tripote sa tasse nerveusement. Elle essaie de ne pas exagérer sur la caféine, bien qu’elle se sente fatiguée. Nous la rencontrons un jour ensoleillé dans Paris, à quelques pas du Louvre.

Nina est timide, nerveuse. À 33 ans, elle vient tout juste de devenir Maman pour la première fois d’une petite fille. Passé l’euphorie des premiers jours, elle se rend compte que son mari n’est pas heureux. Il lui arrive un soir de lui avouer qu’il regrette d’être devenu père, qu’un enfant nuit à sa carrière et à leur couple. Cela fait bien deux semaines qu’ils n’ont pas coucher ensemble. Nina est sous le choc, mais elle comprend dans un premier temps le bouleversement qu’un nourrisson amène avec lui. Il faut se réinventer et cela prend du temps. Parfois, faire un deuil est même nécessaire pour aller de l’avant.

Plus les jours passent et plus les crises augmentent. Une dissonnance se fait sentir. Le mari s’énerve, se plaint, devient sensible. Nina décide donc de s’occuper de sa fille autant qu’elle le peut, pour que son homme puisse respirer, changeant ses couches et celles de son bébé.

Et puis, son regard se plonge dans sa tasse de café pour éviter les yeux posés sur elle. Elle voudrait dire ce qu’il s’est passé, mais elle hésite. Elle n’a jamais parlé de cela à personne. Elle parle subitement au passé pour calfeutrer les traumatismes qui en résultes.

C’était en revenant de la clinique, quand son mari lui chuchota à l’oreille « que ça fait deux semaines qu’ils n’avaient pas couché ensemble et que lentement, il en avait besoin. » Cela faisait trois jours qu’elle venait d’accoucher. Elle ne se sent pas prête, mais peut être qu’il a raison. Il fait une crise de nerf, la menace de la quitter, de la tromper. Elle est fatiguée. Elle accepte pour qu’il se calme. De toute façon, il risque de s’énerver encore plus si elle refuse. Et les médias disent bien que « l’appétit vient en mangeant ». Elle n’a pas l’énergie de subir sa colère. Elle lui explique qu’elle ne veut que des caresses, de la tendresse, pas de pénétration.

Nina se gratte la nuque. Elle n’ose pas continuer. Elle resserre de ses doigts fins, la tasse de café « il m’a prise par-derrière, une pénétration anale qui m’a faite très mal. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Il s’est mis dans mon dos, m’a cambré et puis j’ai eu mal. Sur le moment, je me sentais sale. Je n’étais pas sûre de ce qui venait de se produire. Je ne sais pas pourquoi j’ai mis autant de temps à l’admettre. Il était tellement content sur le coup, que je me suis dit que ce n’était pas grave ce qu’il venait de se passer. Et puis j’ai lu des articles sur le sujet et je me suis rendue compte que j’avais subis un viol conjugal, même si j’ai eu du mal à le comprendre ».

À partir de ce moment, sa sexualité se bloque. Le peu de désir qu’elle avait s’est envolé. Son visage se ternit un instant avant de souffler un bon coup. Elle explique que les longs mois pendant lesquels elle se force, pour ne pas qu’il pète un câble, sont épuisants. Il en veut plus.

« Le déclic est arrivé un jour de Noël quand pendant le repas, il s’est mis à se plaindre devant ses parents que nous ne faisions plus souvent l’amour, soit deux fois par semaine. Ma belle-mère a répondu qu’il fallait que je me force un peu, parce qu’elle-même n’a jamais eu de problèmes avec le sexe, que c’était une invention moderne que celui du consentement. Voir exposer sa vie sexuelle entre la dinde et les pommes de terre, ça a ravivé mon dégoût de la chose. À partir de ce moment, plus ça allait, moins je pouvais. »

Le consentement parfois n’est pas toujours dans les deux sens. Un viol sur deux se passe au sein du couple !

Se réapproprier son vagin avant tout !

Ne pas avoir de vie sexuelle au sein d’un couple n’est pas une catastrophe ! Quoi qu’en disent les magazines féminins. Un couple, c’est avant tout de l’amour, de la compréhension, de la tendresse et de la patience. Et ce n’est pas en se forçant, que l’envie va revenir.

Se forcer, se soumettre à la pression mentale d’un époux / conjoint / partenaire, reste un viol conjugal au sens de la loi. 

Et comment donner un corps qui a été pris, trimballé, jugé, subi des touchers vaginaux, nourrit un autre être humain à la force de sa poitrine ? C’est toute la question.

Parfois, il faut se laisser tranquille et qu’importe le temps que cela prend. On lâche la pression.

PS : on peut recommencer par la masturbation (si ça nous dit) pour reprendre contact lentement avec notre plaisir, en toute bienveillance.

Osons parler de viol conjugal

Le sujet est encore tabou. Qui ouvre les portes de son alcôve quand il s’agit d’expériences douloureuses ?

Sur le coup, Nina était contente d’avoir repris des rapports réguliers, même si elle souffrait en silence et qu’elle appréhendait les moments où il fallait lui ouvrir les cuisses. « J’étais même contente d’avoir mes règles pour pouvoir justifier mon refus de coucher. »

En parlant de règles, Il n’y en a pas pour la reprise du sexe. Certaines auront envie dès le retour à la maternité, d’autres des mois après, et d’autres encore après le deuxième bébé.

Certaines auront plus de plaisir qu’avant la naissance, d’autres auront des réticences et des douleurs lors de la pénétration…

À chacune son rythme. Mais cette affaire du consentement doit être vraiment mise en avant. Hurlons son nom au-dessus des toits, car rien n’est plus désirable qu’une femme qui a vraiment envie…

 

Jeune maman d'un petit bonhomme, je vis en Allemagne depuis maintenant presque dix ans.

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