corps post-partum
Beauté Mum life

Cher corps

Aujourd’hui, c’est à toi que j’écris. Tu n’es ni un amant, ni un ami. Tu es le véhicule de la pensée et de la vie.

Je te croise dans le miroir. Je t’observe en plissant les lèvres. J’ai beau t’arranger, tu me sembles détruit.

La grossesse, lui qui a grandit en moi, son cœur qui battait dans mon ventre, j’ai quand même payé le prix fort.

La peau s’est déchirée ci-et-là. Je regarde les jeunes filles sur la plage, les admire. Plus jamais je n’oserais te montrer.

Et pourtant, quand t’ais-je le plus aimé si ce n’est depuis que tu as porté un enfant ?

Le bilan est amer… je ne t’ai jamais accepté.

Mon adolescence

Il y avait l’enfance, ce corps d’enfant. Et puis d’un coup, j’ai grandi.

Les lignes se sont flouées, les hanches se sont élargies, les seins ont gonflé…

Étais-je normale ? Je n’étais pas grande, je n’étais même pas mince. Je devenais une femme, sans savoir quoi faire de toi.

Non, je ne t’aimais pas. Je cherchais à te cacher. J’ai tout fait pour te faire maigrir.

Je t’ai rendu malade. Tu n’es jamais rentré dans un moule.

Anorexie, boulémie, surpoids… qu’ais-je fait de toi ?

Aujourd’hui, avec le recul, je me trouve ridicule. J’étais parfaite.

Jeune femme

Objet de désir et parfois de souffrance, la jeune femme qui se dessine dans le fond de la glace, la silhouette achevée,

le soleil qui monte, l’horizon qui se rallonge, ne devrait plus se poser de questions.

Mais ce corps, encore trop rond au visage trop carré, je ne suis pas encore prête à l’accepter.

Je vis mes plus belles années et je n’en vois rien passer.

Mon corps de mère

Et puis un matin, les fesses sur les toilettes, le test de grossesse annonce la grande nouvelle.

Je suis enceinte.

On ne dissocie encore rien du bambin dans mon ventre.

Dans quelques mois, ce ventre va s’arrondir, la poitrine va s’alourdir.

Cher corps, je ne te savais pas capable de cela, toi que j’ai méprisé. Tu gères tout le procédé.

Tu bosses, tu cuisines, tu marches, tu crées la vie.

Tu es le réceptacle d’un million d’émotions.

Tu tiens debout, tu montres ton giron.

Parfois, je me demande à quoi tu ressembleras une fois vide. Pourtant, rien ne m’a plus appris sur toi que ces quelques semaines de grossesse, du bonheur d’être ronde et d’en être fière.

Mon corps de mère ne sera plus jamais mon corps de jeune femme… certaines lignes ont bougé, sans que je ne saches vraiment lesquelles.

Sur ma peau, des vergetures.

Plus jamais de bikini sur la plage… ou justement peut-être que si.

Il n’y a jamais eu de plus grande victoire que celle d’avoir porté un enfant. Ce sont les griffes, les marques, les cicatrices du héros quand il revient triomphant.

Je devrais maintenant t’exposer tel que tu es… parce qu’aujourd’hui je vais t’accepter.

Jeune maman d'un petit bonhomme, je vis en Allemagne depuis maintenant presque dix ans.

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