Le milk Blues ou la dépression post-allaitement
Si le Baby Blues est devenu un terme connu, cela l’est beaucoup moins pour son cousin, le Milk Blues.
Tout comme le Baby Blues, le Milk Blues est une forme de dépression suivant le sevrage lacté de votre enfant et non celui lié à l’accouchement. Et s’il est dit que l’allaitement peut éviter le baby blues ou la dépression post-partum, il peut aussi amener son lot de coups de coup de mou et remou au moment de son arrêt.
Comment faire pour en déceler les signes et quelles solutions existe pour passer cette étape avec plus de douceur ?
Milk Blues, qui es-tu ?
Je vais faire exception à la règle et parler pour une fois de moi. J’ai eu une super grossesse, un accouchement long (72h) mais sans aucune complication (le bébé a finalement glissé vers la sortie), et en rentrant à la maison, malgré une légère fatigue, j’étais heureuse.
En disant que j’étais heureuse, je dois préciser même que j’étais sur un nuage, à des kilomètres de hauteur, à cotoyer les anges… bref, mes premiers mois de maman sont complètement flous dans ma tête, à tel point j’étais euphorique, comme ennivrée d’un coktail d’hormones.
En d’autres mots, j’étais la maman que tout le monde déteste. Parce que oui, le monde me souriait et le monde se tenait dans mes bras, le visage rose et chaud.
J’allaitais alors sans aucun problème à part un engorgement de routine que la majorité des femmes auront à subir en début d’allaitement. Et pendant treize mois, yeux dans les yeux, je nourrissais / apaisais / confortais / endormais mon poussin à la seule force de mes deux seins.
Au bout de treize mois, j’ai arrêté d’allaiter et cela étant en lien avec plusieurs éléments :
- la reprise du travail
- la pression du conjoint et familiale (ton lait n’est plus bon)
- le besoin de retrouver mon corps (et la forme de ma poitrine)
- mon enfant qui devenait trop petit garcon pour que je lui prête encore mes tétons.
Bref, le sevrage s’est fait en douceur et au bout de quelques semaines, j’ai même retrouvé un peu la forme originelle de ce qu’avaient été mes seins.
Sauf qu’après 13 mois de pur bonheur, j’ai eu une chute d’hormones violente et je peux dire que je l’ai senti passer. C’était un peu comme un baby blues tardif qui aurait attendu 13 mois avant de se déclarer. Et dans ma solitude qui n’avait à priori aucun sens, j’ai bien cru que j’avais un problème sans savoir pourquoi.
En fait, j’ai un fait un milk blues. Et j’ai mis du temps pour m’en rendre compte. Autours de moi, personne ne connaissait le terme, ni ses conséquences.
Je me souviens d’ailleurs très bien de cette image où mon fils joue et que je suis incapable de répondre à ses sourires. C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’il s’est éloigné de moi. J’ai compris par la suite qu’il ne me sentait pas disponible et qu’il a cherché d’autres appuis. Il m’a laissé en paix et pour cela, je lui suis reconnaissante, bien que sur l’instant, j’ai été plus triste. Jusqu’à ce moment où j’ai fini par aller mieux. Il avait 18 mois, et il répétait tout ce que je disais. Il savait dire « boeuf » alors j’ai essayé avec « coeur ». Il s’est retourné vers moi et il a dit « t’aime Maman ». Même si cela n’a pas été la solution, je me suis rendue compte que notre relation évoluait et qu’elle ne s’était pas arrêtée avec le sevrage. Cela m’a fait énormément de bien.
Les symptômes du Milky Blues
Le Milk Blues est donc une phase où les symptômes suivants peuvent aparaitre :
- fatigue
- anxiété
- deuil
- tristesse
- envie de suicide.
Et médicalement cela s’explique comme suit :
Le sevrage entraîne une chute d’hormones, notamment d’ocytocine, l’« hormone du bonheur » qui permet de gérer l’anxiété.
Le sevrage peut être le déclencheur du retour de couches, qui, avec les saignements abondants peut entraîner anémie et fatigue.
Ce phénomène est donc connu de la science, et pourtant si méconnu du public. Et il touche plus de femmes qu’on ne le pense. Il est important de se faire aider et conseiller dans ces temps de tempête.
La relation privilégiée avec son enfant
L’allaitement est le remède à tous les maux du bébé. Qu’il ait faim, soif, peur, cette proximité est telle qu’elle réconforte et apaise le nouveau-né qui n’a besoin de rien d’autre que de lait pour survivre.
Sans oublier, que la vision d’un nourrisson se limite à 30 cm, soit la distance entre le sein et votre visage. Pendant ces longues minutes infatigables, une relation très étroite se nourrit (sans mauvais jeu de mots).
Ne plus proposer le sein comme remède à toutes les demandes de son enfant, c’est un peu accepter de n’être plus assez présente, de se laisser remplacer, d’être interchangeable.
Mais en fait, pas du tout. Un enfant a besoin de tendresse, de réconfort et de communication. Plus il grandit, et plus il est apte à mettre des mots sur ses envies et ses craintes. Et en tant que maman, nous sommes toujours là pour prêter nos bras ou notre coeur.
La décision d’allaiter ou d’arrêter n’appartient qu’à la mère. Et il est toujours possible de reprendre l’allaitement, le corps produisant encore pendant quelques mois du lait et du collostrum.
Laure Zehnacker
Jeune maman d'un petit bonhomme, je vis en Allemagne depuis maintenant presque dix ans.