discipline positive
Bébé

Et si nous passions à l’éducation positive ?

L’éducation positive ! Ses grosses lettres clignotent dans les nuits saccadées d’une feme enceinte ou d’une toute jeune maman. L’éducation positive, souvent le concept séduit, quand on se prend de passion pour la Maison des Maternelles. Qui se souvient de ces moments où nos parents nous criaient dessus, ou nous punissaient, ou nous interdisaient des choses sans que nous en connaissions la raison ? Qui se souvient de la peur, de la frustration qui nous prenaient au ventre ? Par rapport à ces petites blessures de jeunesse, nous voulions choisir d’éduquer nos enfants différemment, avec bienveillance.

Mais voilà, l’éducation non-violente fonctionne parfois très bien dans les premiers mois de bébé (parce qu’il ne fait pas grand-chose), mais peut rapidement se perdre une fois qu’il rampe, fait du quatre-pattes ou se met à marcher. Bref, il grandit, et en tant que jeune parent, l’épuisement se fait ressentir. Alors, on oublie les préceptes de la parentalité positive, voire même on la démonte (parce que oui, l’éducation positive me culpabilise). Mais si finalement, il était encore temps de la remettre en place ?

Vous n’avez pas le temps de lire ? Voici les points à retenir

  • L’éducation positive est une éducation non violente
  • Elle est basée sur la co-création
  • Elle est basée sur la communication 
  • Elle n’est pas du laxisme
  • Elle n’est pas un gage d’harmonie
  • Elle respecte les sentiments et émotions de l’enfant
  • Elle doit faire preuve de fermeté (et de laxisme)
  • Elle propose des alternatives aux enfants
  • Elle fait de nous, adultes, des modèles vivants
  • Elle est basée sur une plus grande confiance
  • Elle impose des règles à suivre 
  • Elle implique la bienveillance des parents envers eux-mêmes
  • Elle n’est pas une jolie éducation toute rose emballée dans de jolies tulles
  • Elle n’est pas contraire à de l’autorité

Qu’est-ce que l’éducation positive ?

L’éducation positive est aussi appelée :

  • parentalité positive,
  • éducation bienveillante,
  • éducation respectueuse,
  • discipline positive
  • éducation non violente.

Tous les points cités sont les préceptes de cette parentalité qui se veut respectueuse de l’enfant. Si elle est confondue souvent avec l’éducation non autoritaire ou laxiste, elles partagent cela de commun qu’il est important d’éviter de passer ses nerfs sur nos bambins. À l’inverse, l’éducation positive ne manque pas d’autorité ou de règles.

Il en va de communiquer avec ses enfants pour rentrer dans leur petite caboche et trouver le moyen de co-créer le vivre-ensemble.

Un exemple concret

Un enfant saute sur le lit et s’amuse. Sauf qu’il est temps d’aller en course. Et il ne veut pas.

Lui parler de ses émotions

« Je sais que tu préfères sauter sur le lit. Je sais que tu trouves ça plus amusant. Je sais que tu es frustré.e. Ce que tu ressens c’est de la colère et c’est normal. »

Lui parler de nos propres émotions

« Tu sais, il se fait tard et je commence à être fatigué.e / énervé.e. Toi aussi tu sais ce que ça fait quand tu es en colère ? Et bien moi, c’est la même chose. »

Lui proposer une alternative

« Tu pourras choisir le manteau que tu veux mettre. Tu pourras porter le panier. Tu pourras pousser le caddie avec moi. Tu pourras tenir la liste de course. »

Les préjugés de l’éducation positive ?

« Tu vas en faire un enfant roi » ou encore « c’est du laxisme ».

Ces phrases résument bien les clichés qui ressortent de l’éducation bienveillante. Pourtant, il faut clarifier la situation. Il y a laxisme d’une part et il y a écoute d’autre part.

Un parent laxiste cédera à toutes les envies ou les colères de son bambin. Un parent positif choisira de discuter et de chercher une solution avec son enfant sans pour autant céder. Il s’agit d’être ferme dans la bienveillance. Mais la bienveillance ce n’est pas de sourire constamment ! Nous ne sommes pas dans un film de comédie américaine, où la gentille maman résout la situation en toute harmonie.

Prenons l’exemple d’un enfant qui ne veut pas aller à l’école. Le parent laxiste ne l’y enverra pas. Le parent bienveillant ouvrira une conversation sur le chemin de l’école.

Dans le sens de la positivité, il y a des limites. L’enfant est écouté, il est responsabilisé, mais c’est le parent qui a le dernier mot. Ce sont nous, adultes, qui décidons.

En revanche, un enfant qui se réapproprie ses émotions, ses peurs, ses envies, ses angoisses et peut les exprimer dans un cadre bienveillant, sera un adulte avec une meilleure confiance en lui.

Mais pour être bienveillant, il faut l’être avant tout envers soi-même. Cela signifie que nous ferons des erreurs, que nous crierons parfois et que ce n’est pas grave.

Pourquoi ça marche ?

Nous sommes le premier modèle de nos enfants. Ils nous imitent et parfois à merveilles. Lorsqu’on désamorce un conflit en hurlant, cela signifie que le cri est la solution pour calmer le jeu. Et que va faire un enfant : il va crier !

Si l’enfant ne crie pas, il va se ranger, soit vouloir disparaitre pour éviter la crise.

Hurler sur un enfant en colère ne va pas lui apprendre à la gérer. Au contraire, il comprendra que sa colère est une mauvaise émotion. Et elle ressortira d’autant plus qu’il ne la maitrise pas.

Une main de fer dans un gant de fer. (Kaamelott)

Même si un enfant ne montre pas qu’il est blessé, il gardera des séquelles d’une éducation trop autoritaire, soit en se rebellant, soit en se rangeant. Un petit être n’est pas blessé par un non, mais il le devient quand ses sentiments ne sont pas pris en considération.

Le lâcher prise

Être honnête envers moi-même, enfin nous voulons dire, vraiment honnête, pas devenir juste une pancarte publicitaire. Le parent parfait n’est qu’un vieux mythe, une chimère, un conte pour adulte.

Le parent et l’enfant sont donc mis en égalité, et l’un comme l’autre ne sont pas supérieurs pour piétiner le bien-être de l’un ou de l’autre.

Il faut apprendre à dire « je suis fatigué.e » ou « j’ai besoin de temps pour moi » ou même « je suis en colère. Toi aussi parfois tu l’es. Et bien moi aussi j’ai le droit de l’être ».

Loin de l’image de perfection du parent qui est au-dessus de ses émotions, le parent positif aura ses limites. Et bien sûr, personne ne vous demande d’être bienveillant à 100 %, 24h / 24 et 7 jours / 7, parce que dans le rythme effréné de notre quotidien, il est normal que nous pétions une durite ! La colère, l’épuisement et la tristesse sont des émotions normales qu’il est important de montrer et de résoudre d’une manière ou d’une autre. Mais rien que de mettre des mots sur une émotion aide à la calmer.

En faire des adultes responsables

Dans l’éducation positive, il y a une recherche de coopération, de co-création, de co-travail. Le parent implique l’enfant dans les situations avec douceur, compréhension et limites.

Si l’éducation autoritaire de « c’est comme ça et pas autrement » fonctionne, elle ne nous apprend pas à penser par nous-mêmes, à oser s’affirmer, à devenir empathique.

Nos enfants ne sont pas par nature dociles, comme des petites bêtes de cirque qu’on expose. Nous devons garder en tête qu’un jour, ils seront grands. Ce que nous voulons, c’est qu’ils aient toutes les armes possibles pour s’en sortir au mieux dans la vie. Ces valeurs de respect et de communication vont rester empreintes dans leur quotidien. Nous sommes dans une grande mission : produire une nouvelle génération d’humains avec de nouvelles valeurs, dont la première est l’empathie.

Pourquoi voulons-nous parents avoir le contrôle sur nos bambins ?

Il y a un rapport de force entre les parents et les enfants. Il peut être difficile voire terrible de ne pas être écouté, pris au sérieux et respecté en tant qu’adulte. « Quand je dis on y va, on y va ». « Range ta chambre ».

Les conséquences peuvent être grave pour les crapules qui nous servent de mômes. Mais pourquoi ?

Pourquoi ne pas anticiper un peu les évènements en prévenant : « comme tu t’amuses, je te donne encore dix minutes et ensuite on y va ».

Pourquoi ne prenons-nous pas plus de temps, car finalement, nous les avons bien ces dix minutes supplémentaires à passer au bac à sable ? Ce que nous imposons à nos enfants, nous nous l’imposons à nous-mêmes. Et ce stress généré en famille va être néfaste sur le foyer.

Les enfants doivent respecter les parents !

Certes. Mais que veut dire vraiment le respect ? Et que faire pour le gagner ? Est-ce que le respect ne va que dans un sens ? Respectez-vous votre chef quand ce dernier ou cette dernière vous impose le traitement d’un dossier au moment de partir, alors que vous êtes censé le glorifier ?

Un enfant n’est pas né pour être contrôlé. Il est avant tout là pour apprendre et se développer. L’obéissance fonctionne dans de nombreux cas, mais elle dégrade le caractère. Elle ne nous fait pas penser par nous-même et elle conditionne les adultes du futur qui ne peuvent plus désobéir.

Comment ça marche ?

Maintenant passons à la pratique et là, oh miracle, vous êtes prêt à noter les règles à suivre pour passer à une éducation positive !  Alors à vos crayons !

  • Soyez à l’écoute (je comprends que tu sois en colère, frustré ou triste)
  • mettez-vous à la hauteur des yeux de votre enfant
  • faites-lui confiance
  • laissez-le faire ses expériences (lui laisser faire l’expérience d’avoir froid s’il ne veut pas fermer son manteau)

Une des limites de la parentalité bienveillante, c’est justement que c’est à vous, chers parents, d’essayer. Et souvenez-vous qu’elle n’est pas le modèle parfait et sans failles souvent proposé. Les conflits et les cris ne sont pas exclus de vos relations. Et il ne s’agit pas, comme souvent son nom peut le sous-entendre, qu’il faut rire et sourire de tout. Non !

Se faire confiance à soi-même, ne pas vouloir être le portrait de la famille parfaite, faire confiance à ses enfants, changer quelques pans de la communication (expliquer plus que gronder) font que les enfants comprennent l’importance du vivre ensemble.

Finalement, l’éducation non violente est une manière d’être plus honnête avec soi-même, nous en tant qu’adultes et eux, en tant qu’être en plein développement. Alors la culpabilité à la poubelle !

Pour ma part, j’étais dans l’éducation classy et très autoritaire, prenant modèle sur celui de mes parents, avant de me rendre compte qu’à force de vouloir imposer mes règles en criant, je n’arrangeais rien à la situation. Pire, j’étais entrainée dans un cercle vicieux. Plus je criais, plus il criait, plus j’interdisais, plus il allait contre l’interdit. Je n’aimais plus notre relation. J’étais épuisée. Si au début j’étais pour l’éducation bienveillante, je l’avais mise au placard assez vite.

Mais voilà, je me suis remise en question. Et j’ai retenté l’expérience de la discipline positive. Très rapidement, nos relations avec mon fils sont redevenues plus légères. Il y a encore des colères, de la frustration et des cris (elles font partie de nous), mais elles se dissolvent très rapidement.

Jeune maman d'un petit bonhomme, je vis en Allemagne depuis maintenant presque dix ans.

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