Ais-je le droit de m’accorder du temps ?
Dernièrement, je lisais un article sur une mère de famille qui se demandait “est-ce que j’ai le droit de me donner la priorité ?”
On aurait envie de dire oui, mais on se souviendra du non qu’on s’impose à soi-même. « Non, je n’ai pas fini de faire le gâteau bio et vegan pour le 4h de mon fils« . La question en serait même jolie. Elle nous donne à penser qu’une bonne mère devrait parfois se donner la priorité parce que dans le fond, elle ne le fait pas. Et c’est bien comme ca !
Cette question a été suivie d’un long texte sur le planning la journée de cette maman, de tous ses moments où cette mère se sentait coupable. Coupable de ne pas avoir eu plus de temps pour jouer avec ses enfants parce qu’elle cuisinait. Coupable de ne pas réussir à garder le sourire après avoir rangé, vidé, nettoyé, cuisiné, aidé aux devoirs, rentré les courses, les poubelles, géré les enfants et le mari qui travaille à la maison. Coupable de vouloir faire une longue promenade dans la forêt avec ses bambins entre la vaisselle et les allers-retours entre la maison, l’école et la boulangerie.
Pourtant, en lisant ce genre d’articles, on se rend compte à quel point, on ne gère peut-être pas autant ? Et peut-être a-t-on quand même besoin de prendre du temps pour soi ?
Sommes-nous donc des mauvaises mères si la vaisselle n’est pas faite mais que nous préférons prendre un bain ?
Est-ce être une mauvaise mère quand on peut ne plus avoir envie d’être une maman, de se donner le droit de ne pas jouer avec son enfant alors qu’on aurait le temps ?
Est-on une mauvaise mère quand on se donne la priorité, qu’on est indisposée pendant les deux prochaines trente-minutes pour se détendre ?
Est-on une mauvaise mère parce qu’on n’a pas envie de se lever la nuit quand bébé pleure ?
NON !
La question de la culpabilité
Le problème des mères reste leur solitude. Elles s’occupent du bien-être de leurs enfants, le font même passer avec le leur, s’attardent sur les besoins du couple et de leurs conjoints, entretiennent le foyer. À l’inverse, personne ne s’occupe de leur bien-être.
Alors je sais que la mère parfaite n’existe pas, mais elle pèse sur les regards, dans les mots. Elle se faufile en douce dans un article où une femme voudrait être juste humaine mais qu’elle ne se sent pas de le dire juste comme ca. Il faut qu’elle s’éclate les ongles sur le parquet en lessivant la cuisine pour enfin oser dire sans être jugée « j’en ai marre, je veux être égoïste« . Ce genre de choses semble alors seulement toléré lorsqu’elle a fini sa journée.
La question de la culpabilité, et c’est d’ailleurs ce que met en évidence ce genre d’article, est un terme récurrent dans les blogs, dans les discussions, sur les forums et sur les réseaux sociaux. Ce sentiment conduit de jeunes mamans à ne pas prendre en considération leurs besoins, pourtant tout autant importants que celui des membres de leur clan.
Depuis la naissance d’un enfant, une femme devrait devenir la priorité, car de son bien-être dépend le bien-être de son marmot.
Il serait de mauvais ton d’insister sur un partage plus équitable des tâches ménagères, car bien sûr, cela fait partie de la solution. Cependant, une mère de famille devrait pouvoir dire qu’elle en a marre et qu’elle a des limites, bref qu’elle a le droit et même le devoir de se donner la priorité, notamment sur le ménage, le jeu avec ses enfants, et les humeurs de son mari.
Alors oui, donnez-vous le temps, accordez-vous le droit d’être imparfaite et surtout, ne vous culpabilisez pas !
Laure Zehnacker
Jeune maman d'un petit bonhomme, je vis en Allemagne depuis maintenant presque dix ans.